
« Attachiant » ou la chronique ordinaire d’un TDA(H)
Il paraît qu’on passe notre vie à chercher à comprendre qui l’on est.
Moi, j’ai passé une bonne partie de la mienne à courir derrière mon cerveau pour tenter de le rattraper.
Enfin… jusqu’à ce que j’en découvre le mécanisme caché… grâce à mon insatiable soif de vouloir tout comprendre et maîtriser… et aux formations que j’ai suivies et qui m’ont ouvert les yeux sur le monde plein de complexité des cerveaux bouillonnants.
Quand j’étais gamin, je vivais dans un monde intérieur qui faisait concurrence à Netflix
Je n’étais pas vraiment « dans » la réalité.
J’étais à côté.
Coincé dans un monde parallèle où la moindre idée devenait un arbre généalogique complet de possibilités.
Les profs parlaient, les mots flottaient autour de moi comme des sous-titres mal synchronisés.
Je faisais semblant d’écouter — technique ancestrale du hochement de tête — mais j’étais déjà reparti à l’intérieur, là où tout était plus vivant, plus logique… et surtout plus intéressant.
L’école ?
Une succession de scènes où je me disais :
« Je n’arriverai jamais à rien. »
Puis je finissais par y arriver quand même. Épuisé.
Sauvé par mes addictions de l’époque — bières, cigarettes, épisodes de sport intensif, adrénaline de la moto — qui rendaient le tout vaguement supportable.
Les prises de notes… ou l’art de fabriquer une salade composée de matières scolaires
Tu connais ça ?
Tu prends des notes, concentré, motivé, sérieux…
Et puis tu relis ton cahier :
– Deux lignes de math
– Un début d’histoire
– Un schéma de biologie
– Une blague
– Une idée de roman
– Une moto dessinée dans la marge
Mieux encore :
Le cours d’un prof se retrouvait systématiquement dans le cahier d’un autre.
À croire que mes notes faisaient du covoiturage.
Mais attention : j’avais développé la compétence suprême du TDAH —
celle qui fait de nous des survivants-nés :
L’adaptabilité
Mon super-pouvoir.
Et mon pire ennemi.
Parce que oui :
S’adapter, c’est brillant…
S’adapter tout le temps, à tout, à tout le monde…
C’est perdre de vue sa propre direction.
C’est finir par se dire que tout est possible, donc tout est acceptable, donc rien n’est vraiment choisi.
L’adaptabilité, c’est un peu comme le scotch : ça dépanne tout, mais ça finit par te coller partout.
Humour noir, décalé, corrosif… incompris
J’ai toujours eu un humour… comment dire…
spécifique.
Un mix entre un sniper émotionnel et un clown triste.
De la vanne de situation, de l’absurde, du noir mais tendre.
Généralement, on rit…
Ou on me regarde comme si je venais de renverser involontairement un sapin de Noël.
Ça sélectionne naturellement les copains.
Généralement des artistes, des marginaux, des cerveaux-labyrinthes comme moi.
Des gens qui parlent en images, pensent en spirales et ressentent trop fort.
Le mouvement comme addiction
Rester au même endroit ?
Impossible.
Pendant des années, je partais en soirée…
Et je repartais immédiatement.
Un tour de moto.
Une visite chez un pote.
Puis un autre.
Rester 20 minutes, raconter trois conneries, repartir.
J’aimais être seul mais en groupe.
Présent mais insaisissable.
J’étais ce gars étrange qui assiste à un concert… en travaillant derrière le bar.
Parce que rester immobile et juste regarder un spectacle ?
Non.
Trop difficile.
Je préférais tirer des bières. Beaucoup de bières.
Et fumer.
Parfois deux paquets par soirée.
Addictions diverses, multiples, toutes servant le même rôle :
occuper le mental pour qu’il me laisse un peu de répit.
Mon âme de brocanteur — ou l’art d’accumuler pour le plaisir d’oublier
Ah oui…
Le syndrome du “ça peut servir”.
Je garde tout.
Parce que c’est joli.
Parce que ça raconte quelque chose.
Parce qu’un jour, peut-être…
Résultat :
Je ne vois plus rien.
Tout est noyé sous le reste.
Je fais pâlir de jalousie Gaston Lagaffe et Pierre Richard réunis.
D’ailleurs ma compagne m’appelle “Gaston”.
Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.
Je choisis rire, c’est plus simple.
Et puis un jour : les consultations
J’ai commencé à recevoir des jeunes et des moins jeunes diagnostiqués TDAH.
Et là…
Je me suis vu.
Dans chaque détail.
Dans chaque phrase.
Dans chaque difficulté.
J’ai lu des livres.
Pas les pavés indigestes écrits avec les pieds, non.
Les clairs, les vivants, ceux qui parlent vrai.
Et tout s’est aligné.
Tout a pris sens.
Je n’étais pas « trop ».
J’étais TDAH.
Nuance subtile, mais salvatrice.
Aujourd’hui, j’en fais une force
J’utilise ce cerveau qui part trop vite pour aider les autres.
Ce monde intérieur pour comprendre le leur.
Cette arborescence pour décoder leurs pensées.
Cette sensibilité pour les accompagner avec humanité.
Cette adaptabilité pour créer, inventer, soutenir.
Je suis un être attachiant.
Intense mais drôle.
Éparpillé mais profond.
Fatiguant mais lumineux.
Un être entier.
Comme toi peut-être.
Si quelque part dans ce texte tu t’es reconnu… même légèrement…
Peut-être que le problème n’a jamais été toi.
Peut-être que tu as juste un cerveau qui fonctionne autrement.
Peut-être que ce n’est pas un bug.
Peut-être que c’est ton système d’exploitation.
Bienvenue chez les cerveaux rapides.
On ne se soigne pas.
On s’apprivoise.
On se comprend.
Et on avance — à notre manière.
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